4CHAN, un imageboard pour les gouverner tous.

Imaginons le web lors d’une grande garden party. Un jour de fête avec son ambiance feutrée, ses costumes repassés et ses blagues convenues. La belle famille réseau social grandiloquente veille sur les petits fours, les blogs pique-assiettes ramassent les miettes tandis que les moteurs de recherche hautains tiennent jalousement le service. Tout se déroule pour le mieux mais il y en a un qui se cache dans le fond. Le vilain petit canard de la famille roule bourré sous les tables, 4 Chan est arrivé.

Pour comprendre 4Chan il faut se mettre dans la peau d'un ado pré-pubere devant un magazine Playboy. Il soulève les jupes des filles, rit grassement des blagues bêtes et méchantes de ses potes qui ne relèvent pas le niveau bien plus haut que le cou d'une girafe morte.


Une fois les conditions réunis, on peut se lancer sereinement sur le plus grand imageboard du net. 2 700 000 visites par jour, une renommée mondiale et une communauté hyperactive. Alors pourquoi si peu de visibilité ? Simplement parce que le truc de 4Chan c'est le détournement d'image, le hacking, le lol mauvais esprit (lulz) et les photos non safe for work trash à en vomir.

4chan est composé d'une communauté majoritairement masculine possédée d'une vision du monde particulièrement étriqué. Il suffit de faire un tour sur le site pour comprendre qu'ils possèdent malgré tout une force créatrice névrosé. A coups de références obscures et quelques retouches gratuites, le site a su imprégner ses références au grand public sans qu'il ne s'en rende compte lui même. Les lolcat, les demotivational posters, le fail ou encore le rickroll sont des « memes » qui ont tous émergés depuis 4Chan. L'anonymat total de l'utilisation du site permet d'aborder tout les sujets sans aucune retenue et de tomber dans tous les travers.

auto-dérision ?

4Chan est donc une énorme fourmilière prête à exploser à tout moment dans l'engouement un brin hystérique et les exemples sont légions. Entre le hack du compte mail de Sarah Palin par un channeur un peu plus malin que les autres (qui permit de comprendre que la madame n'utilisait pas sa boite mail que pour des échanges personnels) ou le trucage du sondage du Times il y a des évènements qui tendent à s'interroger sur la dangerosité de ce système.

Le 15 février 2009, deux crétins se filment en train de tabasser un pauvre chat et postent la vidéo sur youtube. Malheur à eux, la communauté 4Chan vénèrent les chats et lorsque la vidéo tombent entre leurs mains c'est une véritable guerre qui s'ouvre. En l'espace d'une petite journée ils retrouvent les coordonnés du gamin avertissent les autorités et font arrêter le suspect avec un flot de menaces de représailles conséquent sur la boite mail de l'intéressé. Ok, il faut admettre que justice fut faite. Mais tout de même, l'arme 4Chan est entre les mains d'une bande de gamins irresponsable et les dégâts qu'elle peut produire, le désordre dont elle est capable et son influence générale en fait un lieu sensible du web.

Car aucun d'entre nous n'est aussi cruel que nous tous. Brrr...

Que peut-on tirer de tout cela ? On comprend que le web sous des circonstances exceptionnelle et avec l'aide d'un foule galvanisé par la même culture underground est capable d'agir dans un but commun. Jusqu'à aujourd'hui les événements apparus n'ont finalement réussi qu'à créer un désordre sans nom. L'avantage d'agir anonymement est également une faiblesse, sans leader établi il devient difficile de fédérer durablement une communauté. En contrepartie sur des actions à courte portée et sans embranchement complexe le système fait des merveilles. La marge entre blague potache et activisme est mince sur 4Chan, celui qui saura jongler avec à son avantage n'est pas forcément très loin...

R.H